CHAPITRE PREMIER

Spence avait l’impression d’être arrivé au Pays-oublié-par-le-Temps. L’Inde, en dehors des cités modernes de béton et de verre de la côte ouest et de l’intérieur au sud, était en majorité un pays où la pauvreté et la surpopulation se combinaient pour freiner la roue du progrès, et même la faire tourner de quelques tours à l’envers.

C’était un pays qui régressait vers le passé – presque aussi vite que le reste du monde avançait.

Spence trouvait le contraste entre ces villes lépreuses et leurs habitants en guenilles, et la modernité futuriste de sa station spatiale difficile à assimiler. Il restait stupéfié, comme paralysé, par l’étrangeté du spectacle. Il se sentait atteint, atteint par cette populace bruyante qui baignait dans un mélange d’odeurs de sueur rance, d’urine et autres odeurs propres à l’espèce humaine. Il se sentait atteint par leur pauvreté et leur en voulait de leur dénuement, bien qu’intellectuellement il admît qu’on ne pouvait blâmer le malade pour les effets de son mal. Et pourtant, sa première réaction était une sorte de rancune à l’égard de tout un peuple pour s’être laissé tombé si bas.

Cette réaction n’était pas éloignée de celle de millions d’autres venus avant lui – et d’autres encore qui viendraient après – et qui reprochaient à l’Inde le malheur dont ils la tenaient responsable.

Le voyage en avion-fusée jusqu’à Calcutta ne l’avait guère préparé à la scène qui l’accueillerait à l’atterrissage. Il avait ressenti l’accélération et l’effet de la pesanteur au décollage de la fusée. En dix minutes, l’avion avait atteint son altitude maximale et avait commencé sa descente. À travers le petit hublot rond, il voyait l’espace bleu-noir et vide au-dessus d’eux, et la courbe nette du croissant formé par l’horizon turquoise de la Terre. Il avait posé la paume de sa main contre le hublot et senti la chaleur produite par le frottement de l’air sur l’extérieur du fuselage. Puis ils étaient tombés du ciel dans une descente vertigineuse pour venir s’immobiliser sur la piste d’un spatioport, semblable à tous les spatioports du monde.

À la sortie du couloir conduisant de l’appareil au sol, il avait pris le choc de l’Inde en pleine figure. Quelques instants auparavant, il se trouvait confortablement installé dans un environnement familier, et la minute suivante, il était plongé dans une masse mouvante d’humanité d’un autre âge. L’effet était comparable à celui d’une machine à remonter le temps qui l’aurait propulsé à l’âge de pierre.

« Et maintenant ? demanda-t-il à Adjani d’une voix confuse.

— Tout va bien, cher ami ?

— Non, mais je m’y ferai. » Spence contemplait d’un œil hébété le chaos qui l’entourait : de minuscules voyageurs couraient dans tous les sens comme des cafards à travers le terminal délabré. En fond sonore, un grondement assourdi.

« Suis-moi », dit Adjani. Il se mit à essayer de se frayer un chemin dans la foule, comme s’il pataugeait dans un terrain inondé. « Je vais nous sortir d’ici.

— Intacts, j’espère ! » dit Spence. Sa remarque se perdit dans le vacarme ambiant.

À l’extérieur du terminal, Adjani fit signe à un pousse-pousse et y précipita Spence. Il cria quelques mots inintelligibles au conducteur et dans un crissement, un mouvement de travers et un son de cloche, ils se lancèrent en zigzaguant à travers la circulation dense qui entourait le terminal.

Si Spence avait ressenti comme un choc à son premier coup d’œil sur l’Inde, ce qu’il voyait défiler tandis que le pousse-pousse parcourait les rues défoncées le rendait carrément malade.

Partout une foule de gens, une foule qui s’étendait comme un océan : des gens sales, pauvres, en haillons, couverts de mouches, nus, hagards, avides. S’il détournait le regard d’une scène trop pénible, c’était pour le poser sur une autre, plus terrible encore. Et il y avait les animaux : des vaches brun et blanc, n’ayant que la peau sur les os, déambulaient à travers les rues ; des chevaux, dont la tête démesurée se balançait sur un cou squelettique, tiraient des charrettes primitives : des chiens se précipitaient en aboyant constamment sous les roues des véhicules ; des corbeaux et autres oiseaux – des vautours même – à l’affût du moindre détritus qui tombaient sur les trottoirs, s’abattant soudain pour saisir dans leur bec l’aubaine, avant qu’un chien ou un mendiant ne s’en empare.

Aux intersections des principales artères s’entassaient d’énormes tas d’ordures et de toutes sortes de saletés, qui, dans l’esprit de Spence, devaient abriter des dizaines de microbes porteurs de la peste et autres maladies contagieuses. Sur ces tas d’ordures, il n’était pas rare de voir les gens uriner ou déféquer tout en chassant les rats à grands coups de bâton. Ils croisèrent aussi un grand chariot couvert de carcasses de vaches et de chevaux – des cadavres ramassés dans les rues et acheminés vers l’usine d’équarrissage.

Ils passèrent devant un dépôt ferroviaire où des religieuses avaient établi un centre d’aide aux jeunes mères. Spence voyait les voiles blancs des sœurs noyés dans la masse des têtes brunes qui semblaient menacer d’engloutir leurs efforts. L’air était rempli des cris des bébés affamés.

Partout le long des routes, aux carrefours, sur le moindre centimètre carré de terrain, s’élevaient des huttes misérables : quelques pieux de bambou recouverts d’un chiffon. Des briques ramassées dans les rues, ou récupérées sur un mur en ruine, formaient un foyer. D’autres habitations consistaient en une simple bâche ou couverture maintenue au sol aux quatre coins par une pierre. Toute une famille pouvait camper là, à proximité d’un égout charriant les eaux usées.

Des panneaux publicitaires montrant des Indiens aisés, bien habillés, vantant les mérites d’une boisson gazeuse, d’une marque de cigarettes, ou les derniers accessoires d’un créateur de mode, abritaient des groupes de personnes nues et sans abri, se pressant enveloppées dans des loques sous ces slogans radieux. Des bandes d’enfants, orphelins, couraient après les autobus, les pousse-pousse et autres véhicules, mendiant une pièce, un morceau de nourriture ou toute sorte de rebut.

La puanteur engendrée par tout cela – cuisine, pourriture, pestilence et putréfaction – enveloppait la ville comme une nuée malodorante, et devenait franchement écœurante à la chaleur du soleil. Pour Spence, c’était l’odeur de la mort.

« La cité de l’horreur, dit Adjani. Regarde autour de toi. Tu ne l’oublieras jamais. Tous ceux qui l’ont vue s’en souviennent. »

Spence regardait autour de lui. Il ne pouvait pas faire autrement. Il lui semblait avoir quitté le monde pour une descente aux enfers. « C’est un cauchemar », dit-il.

Ils traversèrent l’atmosphère irrespirable du bourbier humain de Calcutta : ils passèrent les bidonvilles et les morgues en plein air, avec leurs cadavres empilés comme du bois de chauffage attendant la crémation, les enfants se baignant dans les égouts, les mendiants effondrés à genoux au milieu des rues encombrées, les façades lépreuses d’immeubles autrefois imposants, aujourd’hui noircies par les fumées de cuisine des réfugiés de la rue, les carcasses rouillées de vieilles voitures transformées en bordels, et des habitations crasseuses, infestées de vermine, d’une misère indescriptible.

Spence avait l’impression d’avoir attrapé comme un cancer de l’âme, dont il ne se remettrait jamais totalement. Il ferma les yeux et s’enfonça dans son siège, mais il ne pouvait écarter les cris pitoyables autour de lui.

Ils s’arrêtèrent brusquement devant un immeuble décrépit au centre du district commercial. Spence examina la façade dégradée, dont la peinture jaune se décollait en larges plaques comme la peau d’un lépreux.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Spence. Le parcours long et fatigant l’avait rendu peu aimable.

« C’est là qu’habite le Dr Gita. Tu te souviens ? » Adjani sauta du pousse-pousse et aborda le conducteur. Il lui offrit quelques pièces tout en posant des questions dans un rapide échange en langue hindi.

« Viens », dit-il en direction de Spence et il lui fit signe de le suivre à l’intérieur du bâtiment à l’allure insalubre.

Spence le suivit sans regarder ses pieds et il marcha tout droit dans un tas de bouse de vache déposé sur le trottoir. Il entendit un ricanement et fronça les sourcils en direction du bruit. Il surprit du coin de l’œil un mouvement rapide mais n’entendit que l’écho de pas d’enfants qui s’enfuyaient.

Furieux, il nettoya tant bien que mal sa chaussure et s’apprêtait à entrer dans l’immeuble. Au moment où il allait pénétrer dans le vestibule obscur, il entendit une voix forte au-dessus de lui. Il regarda en l’air et aperçut un visage brun foncé penché à une des fenêtres, tourné vers lui et rayonnant comme un soleil : une petite main potelée lui adressait un signe amical.

« Namasté, Spencer Reston. Bienvenue en Inde ! »

En dépit de l’extérieur peu engageant du bâtiment, et de l’escalier défoncé, envahi de cafards et de rats, où une famille de squatters avait élu résidence, l’appartement du Dr Gita était propre et fraîchement repeint, et il rayonnait de la seule présence du petit homme qui l’occupait avec sa femme et ses cinq filles. Spence s’était attendu à un taudis crasseux comme il en avait tant vus au cours de sa traversée de la ville. De méchante humeur, il était presque déçu de découvrir chez le bon docteur des pièces claires et aérées : il retint presque un murmure à la vue des fleurs fraîches, disposées dans un vase peint à la main, qui égayaient le salon.

« Asseyez-vous, mes amis. Je vous en prie, asseyez-vous. Nous allons prendre le thé », dit le petit homme rond tandis que Spence pénétrait dans une pièce carrée dominée par un grand lit. « Maintenant vous pouvez venir ! » appela Sundar. Et il se tourna vers ses hôtes et expliqua : « Elles ont attendu toute la journée pour vous rencontrer. Elles n’ont jamais vu de visiteur venant d’Amérique auparavant. »

Il y eut un pépiement de voix féminines : un rideau de perles s’écarta et ce fut un défilé de beautés aux yeux noirs, chacune portant un plateau chargé de friandises. Elles vinrent s’aligner comme des mannequins devant leurs hôtes et Gita présenta sa famille.

« Voici Indira, ma femme, dit-il, et mes filles : Sudhana, Premila, Moti, Chanti et Baki. » À l’appel de leur nom, elles s’inclinaient légèrement et s’avançaient en offrant le contenu de leur plateau. Spence se retrouva vite avec une assiette garnie de gâteaux au sésame, de friandises aux dattes et de boulettes de riz, posée en équilibre précaire sur le bras de son fauteuil de bambou, tandis qu’il se repassait d’une main à l’autre un verre brûlant de thé au jasmin.

Leur service accompli, les femmes se retirèrent dans la pièce voisine, d’où Spence pouvait entendre leurs commentaires murmurés à mi-voix.

Le Dr Sundar Gita avait le teint foncé, beaucoup plus encore qu’Adjani. Il était de petite taille, atteignant tout juste l’épaule de Spence, et presque aussi large que haut. Son visage rond et ouvert rayonnait en permanence la bonne humeur, comme s’il était éclairé de l’intérieur. Sa silhouette replète était enveloppée d’un costume de toile ivoire, et comme pour souligner l’impression générale de rondeur, il était coiffé d’un turban bleu qui formait comme un dôme.

Tandis que Spence l’observait, un brouhaha s’éleva de la rue.

Le Dr Gita posa sa tasse et sa soucoupe et alla se pencher à la fenêtre. Il y eut une brève conversation que le docteur termina en déclarant bien fort : « Pas de patients aujourd’hui. Revenez demain ! »

Il revint vers ses hôtes et s’excusa, toujours en souriant : « Il faut bien que les linguistes vivent, expliqua-t-il. Je suis aussi le dentiste du quartier. »

Spence finit son thé et posa son verre par terre. Il sentit un léger chatouillement au poignet et quelque chose de lisse et froid se presser contre sa main. Il regarda au sol et vit un gros serpent lové contre les pieds de son fauteuil. L’énorme créature mouchetée de gris et de brun pressait sa tête triangulaire à l’intérieur de sa main.

« Aïe ! cria Spence en retirant précipitamment celle-ci.

— Rikki ! Vilaine ! Sors de là et arrête de faire peur à nos invités. » Gita lança vers le serpent un regard exaspéré et celui-ci se déroula lentement et se retira en silence derrière le fauteuil de Spence, laissant chez celui-ci un sentiment de malaise. Il aurait presque préféré le garder à proximité. Là au moins, il aurait pu le surveiller. À présent il ne savait pas quand il pourrait faire de nouveau irruption.

« Les rats, dit le Dr Gita, c’est un vrai problème dans cette ville ! Mais Rikki est un bon chasseur. Avec elle ils me laissent en paix.

— Dr Gita, commença Adjani, nous vous sommes reconnaissants de…

— Je vous en prie ! Je ne suis que le pauvre Gita, face à vous, hommes de science. Et le plaisir est pour moi. Quand votre message m’est parvenu hier soir, j’ai été très heureux d’apprendre votre arrivée et bien sûr, je vous aiderai du mieux que je pourrai. Votre père a été un ami très cher pendant toutes ces longues années, Adjani, et j’ai gardé un si bon souvenir de nos années d’études.

« Et maintenant…» Il frotta de ses mains ses cuisses rebondies. « Qu’est-ce qui vous amène à Calcutta, et jusqu’à mon humble demeure ?

— Je crois que je vais d’abord laisser Spence vous raconter son histoire, dit Adjani, et puis je vous expliquerai. »

Gita fixa ses hôtes de ses yeux noirs et curieux puis il fit un signe de la tête et s’installa en soupirant sur le vaste lit. Celui-ci occupait bien un tiers de l’espace de la pièce. Spence réalisa qu’il servait probablement à toute la famille.

« Ce que je vais vous raconter vous paraîtra sans doute un peu… plutôt incroyable. Mais je peux vous assurer que tout est vrai. Chaque mot. Et je vous demanderai que tout ce que je pourrai vous raconter ne sorte pas de cette pièce, commença Spence, assez nerveux. Puis-je avoir votre parole là-dessus ? »

Gita porta la main à son front et manifesta son accord en s’inclinant dans un geste oriental de soumission. Spence pouvait lire son excitation dans le reflet de ses yeux noirs, bien que son visage eût perdu toute expression.

Après une profonde inspiration, Spence entreprit de raconter son histoire. Il parla une fois encore de ses rêves, de son errance, perdu dans la terrible tempête de sable sur la surface de Mars, et de sa découverte des tunnels conduisant à la ville de Tso. Il raconta la soif et la faim – ce qui fit réagir son interlocuteur – et le cauchemar de l’épuisement. Il décrivit la boîte allongée, comment il en avait manipulé les commandes, les sons et les visions étranges qu’elle avait produits et enfin sa rencontre avec Kyr, le Martien, et toutes les choses merveilleuses qu’il avait pu voir et entendre.

Quand Spence eut terminé, il s’était écoulé une heure, et elle avait passé comme l’éclair. Gita était comme en transe, totalement transporté par la magie du récit.

« Vraiment extraordinaire ! » finit-il par dire, rompant ainsi le silence fragile qui était retombé sur la pièce. « Je n’ai jamais rien entendu de semblable. C’est incroyable ! » Il se retourna vers Adjani. « Tu m’avais dit que je serais surpris. Mais c’est bien plus que cela : je n’ai pas de mots pour dire mon étonnement. »

Après un autre long silence au cours duquel Gita assis face à Spence le dévisageait en murmurant pour lui-même, il se pencha en avant et dit : « Et maintenant ? Ce n’est que la moitié de l’histoire, si extraordinaire soit-elle. Vous n’avez pas fait la moitié du tour de la terre rien que pour me raconter cela. Qu’attendez-vous de moi ? »

Le voleur de rêves
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